2005–2025 : le NON de gauche a 20 ans

Publié par L’APRÈS le 28 mai 2025

Continuons le chemin pour une Europe des peuples, des communs, une Europe solidaire

Il y a vingt ans, le 29 mai 2005, une majorité du peuple français disait NON au Traité constitutionnel européen (TCE). Ce NON ne fut ni un repli nationaliste, ni une peur irraisonnée de l’Europe. Il fut, au contraire, un NON lucide, un NON de gauche, porté par une campagne de terrain exceptionnelle, intelligente, populaire, ancrée dans les luttes sociales, les quartiers, les syndicats, les associations, les forces de transformation.

Ce fut une campagne de fond, patiente, rigoureuse, souvent joyeuse, où l’on lisait les traités en commun, où l’on confrontait les arguments, où l’on allait expliquer et débattre, partout, avec tout le monde. Le NON disait non à l’Europe de la concurrence, des privatisations, du marché-roi. Il refusait d’enfermer l’avenir dans un carcan libéral, gravé dans le marbre des institutions.

Le NON de 2005 s’inscrivait dans la lignée des grandes mobilisations populaires, comme les grèves massives de 1995 contre la réforme Juppé, ou les luttes contre la privatisation progressive des services publics. Il fut une date fondatrice pour toute une génération militante. Il portait une aspiration forte à une Europe des peuples, des communs et de la solidarité.

Mais ce NON a été trahi. Trahi par les néolibéraux, qui ne pouvaient supporter cette victoire démocratique contre leur modèle destructeur. Incapables d’accepter que le peuple puisse mettre en échec leur projet, ils ont contourné le suffrage universel en imposant, quelques années plus tard, le traité de Lisbonne par un vote du Congrès. Cette trahison a révélé, une fois de plus, la nature antidémocratique de la Ve République et renforcé la nécessité d’une VIe République, écologique et sociale, pour que la souveraineté populaire ne puisse plus jamais être bafouée.

Pour eux, les gauches, les écologistes, les mouvements sociaux ne doivent jamais remporter la moindre victoire, car chaque victoire populaire pourrait devenir un point d’appui pour une reconquête sociale et écologique.

C’est cette même peur d’un réveil démocratique qui les pousse à l’entêtement, comme on l’a vu encore récemment avec la réforme des retraites à 64 ans. Malgré des millions de salarié.e.s dans la rue, malgré l’opposition écrasante de la population, Macron, Bayrou et leurs alliés ont refusé de reculer. Non pas par rationalité économique, mais par crainte politique : la peur qu’un recul de leur camp alimente une dynamique de victoire de notre côté.

Le NON de 2005 est donc resté une balise, une boussole pour celles et ceux qui, à gauche et chez les écologistes, continuent de lutter pour une autre Europe : une Europe des droits sociaux, de la coopération, du respect du vivant.

Aujourd’hui, face à la montée des extrêmes droites, appuyées par le techno-féodalisme, face à la crise écologique planétaire, face à l’injustice sociale qui explose, il est temps de faire revivre l’élan de 2005. De porter à nouveau un projet populaire, internationaliste, écologiste et solidaire. Un projet de répartition des richesses, répondant aux besoins humains essentiels, respectueux des écosystèmes, de l’eau, des forêts, du vivant. Un projet de sécurité sociale, y compris alimentaire, pour toutes et tous.

Il y a vingt ans, une première victoire populaire a été remportée. À nous de la poursuivre.

La dynamique impulsée en juillet 2024 par le Nouveau Front Populaire et son programme ambitieux, qui a su barrer la route à Bardella et à l’extrême droite, empêchant leur arrivée à Matignon, montre que c’est possible. Oui, il est possible de rassembler, de convaincre, de gagner. Il faut poursuivre cet élan partout, tisser des ponts avec les mouvements similaires ailleurs en Europe, et construire une force transnationale capable de renverser la vapeur.

Afin que ce souffle pour une Europe des Peuples, des Communs, cette dynamique pour une Europe Solidaires, de la Bifurcation Écologique traverse de nouveau le continent.

Publié par L’APRÈS le 28 mai 2025