C’est d’abord la mort, le 14 septembre, de huit femmes des suites de leur accouchement par césarienne à l’hôpital public Hassan-II ( " l' hôpital de la mort ” ) qui a poussé la jeunesse marocaine dans la rue.
Les manifestant.es exigent des systèmes publics de santé et d’éducation de qualité et surtout la fin de la corruption, de la précarité et de la grande pauvreté dans laquelle vivent 4,7 millions de personnes. Le chômage des jeunes atteint 38 % ; les hôpitaux publics s’effondrent tandis que les cliniques privées fleurissent… Malgré les succès apparents d’une stratégie économique tournée vers l’exportation, les inégalités s’accroissent entre les personnes et les régions.
Cette Génération Z, sans partis ni leaders, scande : “On ne veut pas de stades, on veut des hôpitaux”. Elle réclame dignité, démocratie et justice sociale. Cette génération est marquée aussi par le conflit à Gaza : de grandes marches de solidarité avec le peuple palestinien ont eu lieu à Casablanca, Rabat ou Tanger.
Le mouvement se surnomme “ Gen Z 212” (indicatif téléphonique du pays). Il communique via les réseaux sociaux, où chaque journée de mobilisation se conclut par un vote sur la poursuite du mouvement qui s’auto-organise. C’est un phénomène inédit dans le pays qui échappe aux organisations traditionnelles, l’expression d’une génération qui veut prendre en main son destin au lieu de subir une politique néolibérale féroce, qui ne lui promet que chômage et précarité.
Le mouvement est allé crescendo et s’est radicalisé du fait d’”ouvertures” insuffisantes et tardives du pouvoir et après une forte répression (notamment à Oujda, où la police a écrasé des manifestant-es ; trois morts à Leqliaa…), Les autorités ont fini par autoriser les manifestations, mais trop tard : c’est la démission du gouvernement qui est désormais exigée par la mobilisation.
Bien qu’ils soient ancrés des contextes spécifiques, des mouvements de la révolution “ Gen Z ” s’élèvent partout dans le monde pour exprimer l’insatisfaction de la jeunesse face à de fortes inégalités que des pouvoirs corrompus laissent prospérer pour protéger leurs intérêts et celles de leurs soutiens. Ils s’expriment dans la rue, au risque de la répression, faute de prise en compte de leurs attentes.
L’Après soutient ces jeunes qui, de la Serbie et la Slovaquie à Madagascar en passant par le Maghreb et l’Asie, brandissent le drapeau pirate tiré du manga One Piece et réclament justice sociale et démocratie. Une jeunesse qui partout revendique sa place et conteste un système qui ne prépare pas son avenir, ni celui des générations futures.
Groupe de Travail International de l’APRèS