Jeudi 20 janvier, nous saurons si la majorité de l’Assemblée nationale rencontre celle des Français.es, qui sont toujours plus favorables à taxer les ultra-riches.
Dans le cadre de la niche parlementaire du groupe écologiste et social, nous déposons avec ma collègue Éva Sas une proposition de loi visant à fixer un plancher de 2% d’imposition sur le patrimoine des plus fortunés. Ainsi, nous pouvons atteindre deux grands objectifs : introduire un peu de justice fiscale dans ce monde d’inégalités et renflouer les caisses publiques pour répondre à nos besoins. En imposant le patrimoine de ceux qui possèdent plus de 100 millions d’euros, soit environ 1800 personnes, nous pouvons faire entrer 15 à 25 milliards dans le budget de l’État, selon les calculs de l’économiste Gabriel Zucman dont nous nous sommes inspirés.
Encore faut-il accepter d’inverser la tendance… Car depuis qu’Emmanuel Macron est président de la République, le choix a été fait de subventionner les hyper-riches en leur octroyant des faveurs fiscales. Avec le résultat que l’on connaît : un déficit abyssal, des services publics au régime sec, une transition écologique réduite à néant. Pendant que la majorité de la population se serrait la ceinture, les 500 plus grandes fortunes ont empoché la modique somme de 1000 milliards d’euros supplémentaires en dix ans, une hausse de près de 10% !
C’est un fait sidérant : les ultra-riches contribuent infiniment moins au bien commun, en proportion de leurs revenus, que la majorité des Français. Selon le très sérieux Institut des Politiques Publiques, la moyenne des Français paient 50% d’impôts, tous compris (impôt sur le revenu, TVA, cotisations sociales…). Pour les milliardaires, c’est 27% ! Quasiment deux fois moins. On a donc inventé l’impôt dégressif !
Aujourd’hui, des mécanismes légaux permettent aux plus fortunés de contourner l’impôt.Nous sommes entrés dans une nouvelle époque où le patrimoine est liquide, c’est-à-dire qu’il est essentiellement constitué d’actifs financiers, et il atteint des niveaux de concentration probablement inégalé dans l’histoire. C’est pourquoi nous devons revisiter notre système d’imposition. C’est un enjeu d’égalité, et même de décence.
Refuser cet impôt plancher de 2% sur le patrimoine, ce serait au fond sanctuariser le fait que les ultra-riches puissent continuer à se soustraire à l’impôt. Comment croire que la représentation nationale puisse laisser se perpétuer une telle injustice ? Mais c’est sans compter le dogmatisme des macronistes, si acharnés à défendre les lois du marché, avec une croyance quasi mystique dans un improbable « ruissellement », et l’incapacité du Rassemblement national à défendre le partage des richesses, tantôt soutenant les mesures néolibérales des droites au pouvoir, tantôt s’abstenant de peur d’être affichés pour ce qu’ils sont…
En tout cas, nous, nous serons là, avec tous les député.es du NFP, unis et déterminés plus que jamais sur cet enjeu majeur, à prendre aux ultra-riches ce qu’ils doivent aux comptes publics.
Clémentine AUTAIN