Alors que les grands groupes privés, souvent détenus par des milliardaires proches du pouvoir, étendent leur contrôle sur les médias, et qu’il devient chaque jour plus urgent de lutter contre la concentration qui étouffe le pluralisme, le gouvernement choisit une autre voie : affaiblir l’audiovisuel public. La réforme portée par la ministre de la Culture, Rachida Dati, qui arrive au Parlement, ne protège en rien l’indépendance des médias publics. Elle la fragilise.
Sous prétexte de simplification, le projet prévoit de fusionner France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l’INA au sein d’une super-holding baptisée France Médias. Cette recentralisation n’améliore ni la gouvernance, ni la qualité des contenus. Elle concentre les pouvoirs décisionnels entre quelques mains, gomme les spécificités de chaque média et prépare leur mise en concurrence directe avec les géants privés et les plateformes internationales. Le risque est clair : moins de diversité, moins de contre-pouvoirs, moins de liberté.
Cette réforme ne renforce pas l’indépendance des rédactions. Au contraire, en confiant la nomination du président de la holding à l’exécutif, elle ouvre la porte à une mise sous tutelle politique de l’audiovisuel public. Et si demain l’extrême droite accède au pouvoir, quel contrôle citoyen resterait-il sur ces médias, si leur direction a été centralisée et verrouillée d’en haut ?
Dans le même temps, cette réforme avance sous couvert de rationalisation budgétaire. On nous promet des économies, des synergies, des structures allégées. En réalité, c’est une logique de gestion privée appliquée au service public. Loin de renforcer les missions fondamentales de l’audiovisuel public — informer, éduquer, cultiver, représenter la pluralité des territoires et des cultures —, le projet privilégie la rentabilité et l’efficience, au détriment de la mission démocratique.
Nous refusons une réforme précipitée, floue, imposée sans débat public, sans consultation des salarié·es, et sans vision éditoriale forte pour l’avenir des médias publics. Nous affirmons que l’audiovisuel public appartient à toutes et tous. Il ne peut être ni réduit à une logique d’entreprise, ni gouverné comme une simple administration.
Nous demandons le retrait pur et simple, l’abandon total de cette réforme.
Elle doit être abandonnée dans son principe même, car elle constitue une menace directe pour l’indépendance, la diversité et le rôle démocratique de l’audiovisuel public.
Et nous exigeons :
- L’organisation d’assises démocratiques des médias publics, couplées à une convention citoyenne sur l’information et la culture ;
- De véritables garanties d’indépendance des directions, nommées par des instances pluralistes et déconnectées de l’exécutif ;
- Une augmentation du financement public pour produire des contenus exigeants, accessibles, diversifiés, qui représentent réellement les classes populaires et les territoires ;
- Un soutien renforcé à la création indépendante, aux médias associatifs, aux langues régionales, et à la diversité des formats.
La démocratie a besoin de médias forts, libres, pluralistes et enracinés dans la vie sociale.
L’audiovisuel public n’est pas une charge : c’est une chance. C’est une infrastructure essentielle pour la santé démocratique du pays.
Défendons-le. Il nous appartient !