La décision est tombée. Le 30 avril 2025, la Cour de cassation a confirmé la condamnation de François Commeinhes à un an de prison avec sursis, 15 000 € d’amende et cinq ans d’inéligibilité. Après 24 ans de règne sans partage, le maire de Sète a été reconnu coupable de détournement de fonds publics pour avoir augmenté illégalement la rémunération de cadres municipaux entre 2016 et 2019.
Cette décision de justice marque la fin d’un cycle. Et elle rappelle une chose essentielle : dans une démocratie digne de ce nom, les élu·es doivent rendre des comptes. Même à Sète. Même après des années d’impunité.
Mais cette condamnation ne clôt pas simplement une époque : elle ouvre un espace. Celui d’une reconquête populaire et démocratique de la ville.
Une décision de justice salutaire
François Commeinhes n’en était pas à son premier manquement. Maire multi-condamné, il avait jusque-là échappé à l’inéligibilité grâce aux délais et recours judiciaires. Pendant ce temps, la ville se transformait à marche forcée. Sète est devenue une carte postale à vendre, au mépris de ses habitant·es. Sur-tourisme, spéculation immobilière, affairisme : ces logiques ont peu à peu chassé les Sétois·es de leur propre ville.
La confirmation de cette condamnation, comme celle de Marine Le Pen quelques jours plus tôt pour détournement de fonds européens, est une très bonne chose. Dans un contexte où les forces réactionnaires se prétendent les seules « intègres », il est salutaire que la justice rappelle que nul·le n’est au-dessus des lois - surtout pas celles et ceux qui prétendent incarner l’intérêt général. Ces décisions sont des signaux forts : l’exigence de probité, de transparence et de responsabilité doit être au cœur de l’action publique.
Mais cette fin de règne n’est pas un simple épilogue. Elle peut, si nous le décidons collectivement, marquer un nouveau départ.
Une ville fracturée, une population abandonnée
Sète est une ville populaire, ouverte, chaleureuse. Elle a une âme. Mais aujourd’hui, elle est fracturée. Une partie de sa population vit le sentiment d’être exclue, méprisée, poussée à quitter sa ville à contrecœur.
Le logement y est devenu inaccessible. Les services publics, méthodiquement affaiblis par l’État et la municipalité du clan Commeinhes, se délitent. Les commerces du quotidien cèdent la place à des boutiques de souvenirs ou de luxe. Les quartiers populaires sont laissés pour compte. La démocratie est piétinée.
Et dans ce contexte, la bifurcation écologique, pourtant si nécessaire, est absente, voire sabotée : pollution de l’air, bétonisation, bruit, manque d’arbres et d’espaces de fraîcheur, embouteillages, gaspillage de l’eau… jusqu’à des projets totalement rétrogrades comme celui d’un nouveau parking en plein centre-ville, en contradiction flagrante avec toute logique de transition écologique. Autant de maux subis par les habitant·es - et d’abord les plus précaires - aggravés par l’urgence climatique.
À Sète, le moment est venu pour une « Nouvelle page »
Et pourtant. Malgré les blessures, malgré les frustrations, un espoir renaît. Depuis plusieurs mois, le collectif « Nouvelle page » fait entendre une voix claire, généreuse, combative. Une voix qui dit que Sète peut redevenir une ville pour ses habitant·es. Une ville accueillante, solidaire, écologique. Une ville qui soigne, qui éduque, qui respire.
Leur appel est fort :
« Tant de belles idées pour notre ville ! Tant de petits coins de paradis à préserver pour nous et pour les générations futures ! »
(https://nouvelle-page-sete.fr/)
« Nouvelle page » appelle les Sétois·es à reprendre en main leur destin. À se retrouver, à échanger, à débattre - dans tous les quartiers, sur les places, devant les écoles, sur les marchés. Partout où la vie s’organise, partout où la parole peut circuler. En s’appuyant sur ce que chacun·e connaît de sa ville, sur nos attachements, nos colères, nos espoirs. En s’inspirant aussi de la dynamique de l’union des gauches et de la mobilisation populaire des dernières législatives.
Ici comme ailleurs, des habitant·es, des militant·es, des artistes, des acteur·rices de la société civile ont su s’unir pour construire un espoir inédit en juillet 2024. Poursuivons cette dynamique. Amplifions-la, pour Sète et ses habitant·es.
Une autre ville est possible, ensemble
L’APRÈS 34 soutient pleinement cet élan. À Sète comme ailleurs, il est urgent de tourner la page. Le maintien de l’équipe municipale actuelle serait une fuite en avant. La montée de l’extrême droite, une impasse dangereuse et catastrophique.
Mais face à ces menaces, une alternative existe bel et bien à Sète : « Nouvelle page », pour construire un projet collectif, citoyen, écologique et démocratique. Une ville où le logement est un droit, pas une marchandise. Une ville populaire, au sens noble et vivant du mot. Une ville qui protège ses habitant·es et prépare l’avenir.
Enfin, l’APRÈS affirme son plein soutien à toutes les démarches unitaires qui rassemblent forces politiques de gauche, collectifs citoyens et énergies militantes. Nous avons vu, en juillet dernier, la force de l’unité populaire autour d’un programme clair, ancré dans les besoins concrets des habitant·es. Cette force est là : donnons-lui un avenir à Sète.