L'extrême droite se répand et progresse partout dans le monde. La victoire électorale de Donald Trump aux Etats-Unis et, tout récemment, à la veille des élections législatives en Allemagne, les soutiens publics à l’AfD de son conseiller milliardaire Elon Musk et du vice-président JD Vance confirment cette dynamique brune.
En France, c’est pour empêcher la victoire électorale du RN aux élections législatives de juin dernier, provoquées par une brutale dissolution, que le Nouveau Front Populaire (NFP) s’est constitué. En élargissant la NUPES de 2022 grâce au soutien d’organisations syndicales et d’associations, il a constitué un véritable front social et pas seulement électoral.
Cette stratégie d’union des forces de gauche et des écologistes, sur la base d’un programme de rupture avec les politiques néolibérales conduites depuis plus de vingt ans, a nourri une dynamique populaire réelle. Elle a permis au NFP de démentir les pronostics de déferlante du RN et d’arriver en tête des élections législatives.
Depuis, la menace de l’extrême droite ne s’est pourtant pas atténuée. Elle s’est même consolidée. Face à elle, le macronisme ne constitue pas un barrage. Il est une passerelle (ou une passoire). En évoquant un « sentiment de submersion migratoire », le Premier Ministre actuel reprend à son compte son vocabulaire. Déjà, le « bloc central » a remis en cause le droit du sol, en commençant par Mayotte.
L’unité de la gauche et des écologistes ne peut pas être un coup électoral ponctuel. Elle ne peut pas se limiter à une question électorale et parlementaire. L’unité est une stratégie qui doit être durable et qui doit s’approfondir au quotidien, sur l’ensemble du territoire.
Pour faciliter cette union sur le terrain, nous savons qu’il est nécessaire que les groupes parlementaires du NFP soient unis dans les votes essentiels à l’Assemblée. C’est pourquoi nous, membres de l’APRES, regrettons que les député·es socialistes aient fait le choix de ne pas censurer le gouvernement. Cette non-censure nous affaiblit collectivement. Elle est une aubaine pour les macronistes à qui elle donne un blanc-seing pour poursuivre sa politique. Mais nous rappelons également que si le gouvernement n’a pas été renversé, c’est d’abord parce que les député·es RN n’ont pas voté la censure, et que nos principales attaques doivent être concentrées sur nos ennemis politiques, en évitant toute confusion et brouillage des repères dans ce moment grave de la vie politique.
À cet égard, nous regrettons les déclarations, ces derniers jours, de personnalités du NFP, membres de LFI et du PS, qui annoncent la fin de l’unité. François Hollande, redevenu député socialiste, multiplie les déclarations pour affirmer que le NFP est fini, que chaque composante « a repris sa liberté » et qu’il est inutile de présenter un candidat commun à la prochaine présidentielle.
De même, les mots de Jean-Luc Mélenchon qui considère que le PS « n’est plus notre allié », dénonce une « alliance toxique » et déclare qu’il « s’était lourdement trompé » au sujet des socialistes qui n’auraient « jamais eu l’intention d’être des partenaires », nous affaiblissent collectivement.
Nous ne pouvons être d’accord, ni avec l’un, ni avec l’autre. Ces expressions qui visent davantage le partenaire d’hier que le RN, exacerbent le désordre, creusent des fossés, méséduquent les militants et fracturent un front indispensable contre l’extrême droite. Ne laissons pas se diffuser la petite musique qui laisse entendre que le NFP fut une erreur et que, surtout, il ne faudrait pas la reproduire.
Les voix unitaires doivent couvrir les voix de la division. Toute parole de division est une parole de démobilisation qui renforce nos adversaires et l’extrême droite. C’est irresponsable. Quand le clan Le Pen menace de prendre le pouvoir, le NFP ne peut pas disparaitre malgré le désaccord sur le censure.
Divisé·es, nous perdrons.
Uni·es, nous pouvons gagner et mettre en œuvre une politique de rupture sur la base du programme de juin dernier.
C’est pourquoi, nous demandons :
- Que l’ensemble des composantes du NFP se réunissent afin de surmonter ces divisions et d’appeler à des initiatives communes.
- Que des campagnes nationales du NFP soient mises en place afin de populariser notre programme commun.
- Que le NFP maintienne la ligne stratégique de l’unité lors des prochaines élections, législatives et municipales, et se prépare à la prochaine élection présidentielle, en se fixant l’objectif d’une candidature commune du NFP.